L'Apprentie Sorcière est l'un de ces fameux films mélangeant scènes en prises de vues réelles à des séquences d'animation. En l'occurrence sur quelques 2 heures de long métrage seules 20 minutes d'affilée de pure animation (avec les protagonistes live intégrés) sont notables, mais quelle séquence mes aïeux ! Celle-ci intervient précisément au bout d'1 h 10, et demeure plus de trente ans après la sortie du film hautement réjouissante et d'une belle modernité. La touche du mythique (et regretté) animateur Ward Kimball n'y est bien entendu pas étrangère... Il s'agit d'un match entre deux équipes d'animaux inattendus (d'un côté les durs à cuire avec le roi lion et un rhinocéros notamment ; de l'autre les amateurs malgré eux, incluant une autruche peureuse et un tigre maladroit), orchestré par le professeur Emelius Browne en personne... Or la rencontre se transforme illico en grand foutoir désorganisé prompt à faire travailler nos zygomatiques toutes les deux secondes ! Les règles sont constamment bafouées, les gestes bas utilisés sans vergogne, et tous les coups sont permis ! On pourrait même dire que cette seule séquence n'a rien à envier à un Shaolin Soccer tout entier...

Bien que souffrant de la comparaison inévitable avec Mary Poppins (tous deux comédies musicales, avec chansons écrites par les frères Sherman et réalisées par Robert Stevenson), l'Apprentie Sorcière reste suffisamment éloigné au niveau de l'esprit, pour mériter un traitement en tant que tel. Le scénario est inattendu et les rebondissements multiples, et la séquence du match est donc si hilarante qu'elle mérite à elle seule le détour ! Notons pour faire taire les mauvaises langues que ce film se base sur le livre de Mary Norton, dont les droits avaient été achetés par Disney bien avant ceux du roman Mary Poppins... Un enchantement ultra-kitsch pour une aimable fantaisie où se mêlent le meilleur (des personnages attachants) comme le pire (des saynètes musicales surréalistes pas toujours heureuses).
Inutile de s'apesantir sur le film dans sa globalité : traiter des productions live sous quelque forme que ce soit n'est clairement pas l'objectif de DVDAnime. Signalons juste qu'il s'adresse clairement aux plus jeunes d'entre nous ou aux adultes qui ont vraiment gardé une âme d'enfant, avec en outre une mise en scène datée et des acteurs un peu théâtraux dans leur jeu. Pour ne rien arranger, les séquences musicales sont nombreuses et pas franchement inspirées, si ce n'est éventuellement Portobello Road ou Substituary Locomotion...
Quoiqu'il en soit, il demeure que l'argument de l'affiche du film (originale comme celle de cette édition DVD) est un peu légère : les animaux de la jungle sont clairement au premier plan, or la séquence faisant intervenir des personnages de celluloïds, si elle reste au demeurant excellente, n'est que quantité négligeable dans une fiction essentiellement live...

Attention ! La note retenue pour le bilan artistique ne porte que sur la scène animée. Si l'on considère le film dans sa globalité, il est utile d'ôter 2 ou 3 points...

Film récompensé de l'Oscar® des meilleurs effets spéciaux.
Egalement nominé pour les Oscars® des meilleurs décors, des meilleurs costumes, de la meilleure musique et de la meilleure chanson (pour The Age of Not Believing).
Egalement nominé pour le Golden Globe® de la meilleure actrice (pour Angela Lansbury).