En 1998, un jeune africain tout de celluloïd tentait de faire son trou dans les salles obscures... Pari risqué à une époque où l'animation française n'était pas franchement florissante, et où l'on pouvait craindre que le retour en force d'un racisme hélas ordinaire gangrène jusqu'aux chiffres d'entrées d'un film mettant en scène des protagonistes 'de couleur' (comme si le blanc n'en était pas une). Le nom de l'audacieux petit bonhomme ? Kirikou. Un nom désormais connu de tous, puisque 1,5 million d'entrées plus tard, une vingtaine de récompenses dans divers festivals internationaux et une carrière vidéo éblouissante, le film est devenu un phénomène de société, entraînant rapidement dans son sillage moult projets hexagonaux touchés par un succès équivalent (des Triplettes de Belleville à la Prophétie des Grenouilles).
Sept ans après -fameuses années de réflexion et de maturation ?- un deuxième opus des aventures de Kirikou débarquait enfin en salles, toujours sous la plume inspirée du sympathique Michel Ocelot. Alors, quid du retour de l'enfant prodigue salué comme un heureux événement ? Disons-le sans ambages, Kirikou et les bêtes sauvages s'impose comme une digne suite, bien qu'il s'agisse en réalité d'une midquel façon Bambi 2 (des histoires prenant place à l'intérieur du récit original), nouvel argument astucieux, souvent purement commercial, mais en l'occurrence approprié puisque la force des aventures de Kirikou réside dans la succession d'historiettes directement puisées dans la mythologie et les contes africains. Les quatre nouvelles histoires donc, d'une durée équivalente, véhiculent comme dans le premier film des valeurs positives avec une portée volontairement universelle, laquelle s'adresse en priorité aux plus jeunes spectateurs pour l'aspect structurant, voire éducatif... terme manié avec précaution puisque souvent connoté pour les principaux intéressés ('rébarbatif' souvent, 'soporifique' la plupart du temps), mais qui prend ici une dimension ludique, les péripéties de Kirikou s'avérant franchement récréatives. Kirikou -dont la voix a étonnamment été confiée à un nouveau comédien- est plus que jamais bougon, sans gêne et même arrogant, mais sa candeur, son manque d'expérience et sa silhouette avenante en font un compagnon de jeu rêvé pour les tout-petits ! Davantage réservé aux plus jeunes en regard du premier opus, ce deuxième long ne laissera toutefois pas les plus grands sur le carreau, lesquels demeureront sensibles à une poésie restée intacte, à la représentation d'une végétation chatoyante et luxuriante, avec une faune plus présente que dans le premier film, et à une bande originale entraînante qui plonge irrémédiablement dans le folklore africain. Et l'on aurait bien tort de ne pas se laisser bercer...