Sorti en salles dans un anonymat scandaleux, ce long métrage produit par la BBC est pourtant un film d'animation qui mérite qu'on s'y arrête plus longtemps. Basé sur la technique de la patamod (très coûteuse en termes de temps), souvent délaissée hélas au détriment du tout "images de synthèse",
Il était une fois Jésus retrace en une petite heure vingt la vie du fils de Dieu, dans les grandes lignes.
Fort heureusement on échappe aux bondieuseries, car l'idéologie chrétienne a l'élégance de n'être jamais martelée de façon douteuse ou trop pesante (quelles que soient vos convictions religieuses, chacun y trouve son compte). A la manière d'une fable, la vie adulte de Jésus est donc narrée -le Nouveau Testament étant trop dense pour raconter sa venue au Monde et toutes ses démarches en détail, sous peine d'être rébarbatif façon
Le Prince d'Egypte.
Techniquement, c'est irréprochable. Tous les personnages, jusqu'aux plus anecdotiques (les palestiniens "figurants"), ont des attitudes et des expressions faciales très réalistes, preuve qu'on peut faire aussi bien avec des bouts de pâte à modeler qu'avec des techniques beaucoup plus "abouties" (voir le réalisme confondant d'Aki Ross dans
Final Fantasy). Déjà utilisée à des fins principalement comiques et/ou franchement burlesques (
Wallace & Gromit,
Robbie le renne,
Chicken Run et consorts), ici la méthode patamod est mise au service d'une histoire intelligente, sensible, jamais soûlante, en plus d'être rigoureusement historique ! Des miracles prodigués ici et là (le légendaire "lève-toi et marche") au supplice de la croix et à sa résurrection, la vie de Jésus ne fut pas un long fleuve tranquille, et, même en étant athée, on ne peut rester de marbre face à tant d'injustice et d'ingratitude. Sans jamais se vanter ou se mettre en avant, mais simplement en affirmant être l'envoyé de Dieu, Jésus paiera de sa vie l'affront de se mesurer aux légions romaines...
Quelques séquences d'animation traditionnelle émaillent également ce film ambitieux qui ne cède jamais à la facilité. Sous le postulat d'être des
flash-back, ces saynètes introduisent des morales paraboliques, à l'image de cette idée très juste : construisez vos maisons sur du béton, au lieu de les installer sur du sable. Autrement dit, ayez des repères, des bases solides pour assurer votre avenir...
Bref, avec un scénario bien ficelé (facile, les réalisateurs avaient déjà toute la matière !), tout en sachant renouveler l'animation -une version animée traditionnelle aurait coûté moins cher et aurait rapporté autant d'argent (autrement dit pas grand-chose)-,
Il était une fois Jésus est de cette race de films qui contribue à faire du cinéma d'Animation autre chose qu'un divertissement pur et simple. Au contraire, s'il n'a pas la prétention d'"endoctriner" les plus sceptiques d'entre nous -libre à chacun de penser ce qu'il veut-, il a le mérite de nous faire méditer...