Revenons sur le cas de l'absence de transfert anamorphique. Robot Carnival est une OAV, donc destinée au marché de la télévision. Le format 4/3 est donc le format de diffusion originel, cela même si les court-métrages sont au format 1.85:1. Le fait de conserver un encodage 4/3 est donc justifiable, mais on ne peut néanmoins que regretter cette approche puriste qui forcera les possesseurs de téléviseur 16/9 à jouer du zoom.
Un autre problème, plus léger, existe : les sous titres anglais. Ils correspondent au doublage anglais et ne collent donc pas toujours à la bande son japonaise. Il faut cependant noter que seuls deux segments bénéficient de dialogues, et qu'un seul d'entre eux souffre de ces sous titres, à savoir Presence.

Dans l'ensemble, l'édition s'en sort donc plus qu'honorablement au niveau technique, permettant de profiter de l'oeuvre dans d'excellentes conditions.

L'exercice de style consistant à regrouper plusieurs court-métrages s'expose toujours au risque d'avoir au final un ensemble inégal. Cet écueil a été partiellement évité pour Robot Carnival.
Voici le détail, par le menu, des différents segments :

I. & VIII. Opening & Ending : La patte d'Otomo est immédiatement reconnaissable. Cette ouverture met immédiatement dans l'ambiance, et l'ending quand à lui clôture l'OAV sur une note génialement cynique. Un superbe character design et une réalisation prenante signent ces 2 segments, très (trop) courts.
II. Frankenstein's Wheel : Une relecture intéressante du mythe de Frankenstein et un amusant hommage aux films de monstres de la Universal.
III. Deprive : Sûrement le segment le plus faible de l'ensemble. Une histoire insignifiante, une réalisation faussement dynamique et une musique absolument insupportable... Au suivant...
IV. Presence : Si le court métrage précédent faisait craindre le pire, celui-ci nous montre au contraire combien Robot Carnival est une oeuvre unique. Sur une superbe bande sonore, le réalisateur nous conte une maginfique et émouvante histoire où tout est suggéré et délicat. Le character design est étrange mais soigné, et donne immédiatement un cachet à ce court-métrage.
V. Star Light Angel : Après le segment intimiste, place au shoujo. On sourit au début, mais on finit par se laisser emporter par ce court-métrage finalement assez sympathique, sans être transcendant pour autant. Avec Deprive, on a ici les deux seules fausses notes relatives de Robot Carnival. Détail sympathique: les fans d'Akira remarqueront l'apparition furtive de l'un de leurs héros dans ce segment.
VI. Cloud : Une merveille. Le réalisation est incroyablement inventive et pousse l'onirisme du segment très haut. La technique d'animation est ici très particulière et arrive à donner l'illusion du mouvement sur un plan fixe. Le résultat est surprenant et superbe. Mon coup de coeur.
VII. A Tale of Two Robots : Hilarant, tout simplement. Un mécha design très (mais alors très...) old school irrésistible et des personnages décapants sont au programme. Les héros sont peut être un peu stéréotypés, mais cela ne sert à rien de bouder son plaisir.
VIII. Red Chicken Head Guy : Seul segment montrant les robots sur un mode véritablement pessimiste, il souffre d'une réalisation un peu confuse. Heureusement, l'ambiance chaotique souhaitée par le réalisateur est bien présente.

Musicalement, quelques bandes sonores sont superbes et certaines portent indéniablement la patte de Joe Hisaishi. C'est le cas par exemple de Presence. En règle générale, la qualité de la bande son s'aligne sur la qualité du court-métrage qu'elle illustre.

Au niveau purement technique, il faut revenir sur la qualité générale de l'animation qui est proprement hallucinante pour une réalisation de cet âge. On approche quasiment la qualité d'un film dédié à une exploitation au cinéma.