Le Dit du Genji (Genji monogatari) est considéré comme l'une des oeuvres majeures de la littérature japonaise du XIème siècle, voire comme l'une des oeuvres majeures de la littérature tout court à travers le monde. On la doit à Murasaki Shikibu, dame de la cour du milieu de l'époque de Heian (794 - 1185), qui à travers une immense fresque s'étalant sur plusieurs dizaines d'années, nous conte la vie d'un prince dont la beauté rivalise avec ses divers talents, comme la poésie, mais qui est surtout un charmeur de femmes. De très nombreuses autres personnes interviennent également. Passions, liaisons, trahisons, pouvoir, argent... Par bien des aspects, cette oeuvre est une critique de la cour décadente de cette époque, qui pourrait tout aussi bien se passer de nos jours, finalement, en faisant donc une fresque intemporelle.

C'est à l'occasion des célébrations du millénaire du Dit du Genji au Japon, en 2008, que cette adaptation fut lancée. Cependant (à l'heure actuelle tout du moins) adapter entièrement toute cette oeuvre fut sans doute considéré comme trop long (plusieurs centaines de pages réparties sur 54 "livres"). Aussi, les 11 épisodes que constituent cette courte série vont s'attarder surtout sur le personnage central de "Hikaru Genji" et ses principales relations. La réalisation et l'animation ont été confiées à Osamu Dezaki et Akio Sugino (Cobra, Rémi, Joe 2, Très Cher Frère, Black Jack, ...) dont le talent n'est plus à démontrer, surtout pour des oeuvres de ce genre là.

Le titre de "Genji" : il s'agit d'un titre donné à un fils d'empereur qui ne peut prétendre au trône. Il est donc à l'origine (gen) d'une nouvelle branche (ji) impériale (source Wikipedia). Dans le cas présent, Hikaru Genji est le second fils de l'empereur, et c'est Suzaku, son frère ainé (son demi-frère, pour être exact, car fils de l'impératrice, contrairement à Hikaru qui est fils d'une courtisane), qui sera empereur quand leur père se retirera.

Epoque Heian (794 - 1185). Le jeune Hikaru, second fils de l'empereur Kiritsubo, se retrouve orphelin de sa mère (une courtisane) à l'âge de 3 ans. C'est son père qui lui donnera le titre de "Genji" afin de le tenir éloigné des manigances de la cour. Peu après, son père prend auprès de lui une nouvelle favorite, Fujitsubo, dont la ressemblance avec sa défunte mère troublera le jeune Genji qui l'aimera plus que de raison. Mais à l'âge de 12 ans, au cours d'une cérémonie officielle, le jeune garçon revêt les habits virils faisant de lui un homme. Par la même occasion, et par tradition concernant tous les hommes, il lui est interdit de parler à la femme de l'empereur ou à ses favorites, incluant donc Fujitsubo...

Devenu adulte, et afin d'oublier Fujitsubo, Hikaru Genji accumule les relations avec diverses femmes, alors qu'il est tout de même marié (depuis la cérémonie de ses 12 ans) à Dame Aoi, la soeur de son ami Chûjo qui lui aussi est réputé pour être un charmeur. Dame Aoi semble pourtant n'avoir que peu d'affection pour son époux, malgré ses efforts. Cependant, il va également faire la rencontre de Rokujô, la Dame de la sixième avenue, belle-soeur de son père empereur (donc sa tante), auprès de qui il va prendre des cours un certain temps, avant d'entamer une liaison avec elle...

Tout simplement superbe ! Adapter, en partie, Le Dit du Genji était un véritable pari, car l'oeuvre est tout de même très dense à la base avec de très nombreux personnages et des relations dans tout les sens. Mais le résultat, tout du moins sur ces premiers épisodes, est magnifique. Ce qui frappe en premier, c'est la beauté générale de ces épisodes. Les décors, mais aussi et surtout les divers kimonos très colorés ! De plus, les personnages, et leurs kimonos, bougent vraiment, ce qui a du donner un sacré travail aux animateurs. L'ajout enfin d'effets graphiques, lumineux (peut-être un peu de trop parfois), par dessus l'ensemble donne vraiment un résultat à la fois superbe et contemplatif (les captures ci-dessous rendent beaucoup moins bien que la réalité). La réalisation de Dezaki est bien entendu sans faille, mettant parfaitement en valeur le magnifique chara-design de son compère de toujours, Akio Sugino. Non seulement c'est beau, mais l'histoire s'annonce de plus passionnante, avec des personnages intéressants, le tout sur fond de musique assez traditionnelle assez agréable. Le seul "défaut", pour moi, est en fait la musique de l'opening, très rock, qui ne va pas du tout avec le thème de l'animé. Un curieux choix, mais heureusement, très secondaire...

L'édition DVD en elle-même est d'une très belle qualité et à un prix correct (moins de 30 euros). L'image et la piste sonore sont irréprochables et le packaging est agréable. On a tout de même droit à quelques bonus, des cartes, un mini-livret et un CD de dramas/commentaires. Pour une édition "normale", c'est tout de même pas mal du tout.

Conclusion : cette série est, pour ma part et pour ces 2 premiers épisodes, une vraie réussite, aussi bien dans la retranscription de l'oeuvre originale, que dans la mise en scène et son animation ! On se laisse porter par cette ambiance d'une autre époque, et par ces débuts de relations amoureuses qui alternent entre le détaché et le tragique. Les amateurs du genre ne peuvent qu'appécier...