Jigen : Souvenez-vous (ndGers : enfin la plupart des lecteurs n'étaient sans doute pas nés ^^), le 18 novembre 1928 marquait la toute première apparition de la plus populaire des souris : Mickey. La pionnière qui lança la formidable carrière de Disney et de son studio, auquel nous devons pas moins de 44 grands classiques étendus sur un siècle d'animation. Et qui aurait pu imaginer que presque cinquante ans après ce fait historique, le studio allait renouer avec l'un des animaux le plus utilisés de l'animation ?... Un animal qui nous revient cette fois-ci sous les traits d'un magnifique duo, Bernard et Bianca, à l'origine d'un des longs métrages Disney les plus mineurs de la longue filmographie du studio, il faut bien l'avouer. Le film se démarque toutefois de par son rythme soutenu et la qualité desdits personnages. Justement, touchons un mot à leur sujet. Ceux-ci semblent directement empruntés des précédents films du studio : on notera notamment de grosses ressemblances avec certains personnages de Robin des Bois, et Médusa nous fait dès le départ penser à l'un des méchants les plus extraordinaires qu'il ait été donné de voir, Cruella dans les 101 Dalmatiens. Mais nous notons aussi la première apparition d'un drôle d’oiseau baptisé Orville, qui va fortement inspirer les animateurs/dessinateurs des générations futures, non seulement dans le deuxième opus de Bernard et Bianca sous le nom de Wilbur, mais aussi dans la Petite Sirène.
L'animation a malheureusement pris un coup de vieux et est bourrée d'incohérences et de défauts, notamment de gros problèmes dans la perspective et les proportions des personnages (Bernard est tantôt aussi gros que "l'œil du diable", tantôt beaucoup plus petit...). Le tout reste heureusement rehaussé par une étude fort intéressante des mouvements et du comportement humain. En particulier de Médusa et Snoups, tous deux caractérisés par un travail minutieux dans les traits, rendant du même coup leur animation austère et peu appréciable. Ils paraissent aussi totalement dépourvus d'ossature, leur donnant une apparence caoutchouteuse un peu comme dans les vieux cartoons. Il faut savoir que l'animation de ces deux personnages demeure l'œuvre de Don Bluth (Brisby et le Secret de NIMH, Anastasia...), réalisateur de génie qui faisait là ses premiers pas dans le domaine, et dont l'univers restera voisin dans la majorité de ses œuvres postérieures à l'univers de ce Bernard et Bianca.
Les deux héros principaux ont également bénéficié d'une attention tout à fait particulière au niveau du caractère et des comportements. Avec d'un coté Bernard, petite souris superstitieuse et craintive qui, si ça ne tenait qu'à lui, resterait tranquillement à la maison ; et de l'autre Bianca, stéréotype de la féministe des années 70 (un peu trop caricaturale peut-être), fougueuse et en quête d'aventure.
Des décors à la gouache, de toute beauté, sont enfin là pour nous faire oublier ces quelques petits défauts insignifiants qui je trouve confèrent un cachet, un style particulier au film, qui n'est pas pour me déplaire, nous plongeant dans un monde sombre et poisseux, le tout soutenu par des chansons relativement plaisantes. Quant à l'histoire, même si elle ne paye pas de mine au premier abord, elle reste agréable grâce à un rythme déchaîné qui ne donne pas lieu à s'ennuyer.


(Première ébauche de Medusa, déjà peu sympathique)