Ceux qui connaissent bien l'oeuvre de Shuko Murase (notamment Gasaraki et surtout ArgentoSoma) constateront dès les premières minutes de la série à quel point le character designer devenu réalisateur est parvenu à imposer son style très personnel à cet animé. Cela se remarque d'emblée au character design, justement, qui est très proche de celui d'ArgentoSoma, avec ses visages quelque peu angulaires et sa finesse de trait. Kumiko Takahashi avouait d'ailleurs dans une interview que la collaboration avec Murase n'avait pas été de tout repos, ce dernier ayant des exigences bien précises au niveau des personnages.
Les décors extérieurs sont fort beaux et raisonnablement détaillés pour une série TV. On peut également saluer le travail réalisé au niveau de l'ambiance visuelle. Les créateurs se sont en effet évertués à créer une atmosphère sombre et mystérieuse, notamment grâce à une palette de couleurs volontairement terne, dominée par les bruns et les gris. Ce même souci se retrouve dans le travail sur les costumes, qui fait la part belle aux vêtements longs et flottants, de couleur sombre, comme le manteau d'Amon ou encore la robe de Robin, et sur le choix des lieux et bâtiments (Raven's Flat, le QG du STN-J, en est un parfait exemple). Tout cela est soutenu par une animation 2D de fort bonne qualité, même si les véhicules semblent plus "glisser" dans le décor que vraiment rouler. Bref, Witch Hunter Robin est une réussite visuelle, bien que j'émette toujours certaines réserves en ce qui concerne les décors intérieurs, qui font trop largement appel aux images de synthèse et dans lesquels les personnages ne se fondent pas idéalement.

Si l'aspect visuel a été soigné, le scénario n'a pas été oublié non plus. Le staff créatif de la Sunrise parvient encore à nous étonner après toutes ces années, et nous gratifie ici d'une histoire mystérieuse, mêlant sorcellerie et technologie, conspirations et enquêtes policières. Ces quatre premiers épisodes pourront sembler assez lents et répétitifs (on entend parler du monstre --> on traque le monstre --> on tue le monstre) mais ils sont indispensables pour poser les bases de l'histoire et surtout, les relations entre les différents personnages, qui auront toute leur importance par la suite.

Je terminerai ce petit bilan en parlant de la musique, signée Taku Iwasaki, qui nous offre des compositions en parfaite adéquation avec l'atmosphère sombre, parfois même oppressante, de la série. Les deux génériques, "Shell" et "Half Pain", interpétés par BANA, comptent parmi mes thèmes préférés, avec une mention particulière pour "Shell", le générique de début, aussi réussi visuellement que musicalement, et qui saisit en l'espace d'une minute trente, l'essence même de la relation entre Robin et Amon...