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La Ferme des Animaux
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Edition Collector 
Critique de Gersende Bollut, le Samedi 22 Octobre 2005 à 10:45
Staff Technique Oeuvre orig. : George Orwell Producteur : Louis de Rochemont Réalisation : John Halas et Joy Batchelor Scénario : Joy Batchelor, Joseph Bryan, John Halas, Borden Mace, Philip Stapp et Lothar Wolff Dir. animation : John F. Reed Musique : Matyas Seiber Animation : Ralph Ayres, Arthur Humberstone, Frank Moysey, Edric Radage et Harold Whitaker Acteurs : VO - Gordon Heath (le narrateur) et Maurice Denham (tous les animaux)
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Fiche de l'animéPublic : Tous
Origine : Grande-Bretagne
Titre original : Animal Farm
Type : Film
Genre : Drame
Durée : 1 h 12 mn
Année de prod. : 1954
Produit par : Halas & Batchelor
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Fiche du DVD |
Zone : 2 (Europe) 
Format cinéma : 1.33 Plein écran
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3 Support : DVD-9 (1 face/2 couches) Boitier : Digipack Disponibilité : Disponible (27/10/2005) Editeur : Malavida
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Bonus/Goodies : Commentaire audio de Brian Sibley
Stay Tooned (Making of
Storyboard
Esquisses commentées
Diaporama commenté
Bande-annonce Halas & Batchelor
Partie Rom
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Lassés des mauvais traitements infligés par les "deux pattes" (les humains), les animaux de la ferme du Manoir se révoltent contre Mr Jones, le fermier. Ils le chassent et proclament une nouvelle société où tous les animaux sont égaux. Malheureusement, certains animaux mal intentionnés décident bientôt que certains animaux sont plus égaux que d'autres...
La 'fable mémorable' de George Orwell brillamment adaptée en film d'animation.
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Image |
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Un film de cette importance méritait évidemment une remasterisation complète, afin d'être accueilli comme il se doit sur le support numérique. C'est chose faite, et avec une réussite exemplaire... La Ferme des Animaux s'offre en effet une cure de jouvence tout à fait salutaire, les couleurs restant néanmoins fidèles au film tel que l'ont découvert les spectateurs des années 50, avec une excellente gestion des contrastes (les scènes se déroulant dans l'obscurité ne dépareillent pas aux séquences plus colorées). De manière générale, la copie présentée est nette et la compression sans faille. Voici donc un master restauré respectant l'intégrité de l'œuvre, contentant les amoureux d'animation !
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Son |
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La VO et la VF sont incluses dans ce DVD, toutes deux en Mono d'origine. Les adeptes de 5.1 ou DTS décoiffant les enceintes de Home Cinema crieront à l'injustice, mais les puristes apprécieront. De toutes manières le film d'Halas & Batchelor ne se prêtait pas réellement à un mixage multicanal, qui eut été parfaitement superficiel. Les pistes présentes sont d'honnête facture, aucun élément sonore n'étant un ton au-dessus d'un autre. La voix du narrateur est particulièrement plaisante, d'autant plus en version française où l'on peut apprécier le timbre du regretté Jean-Claude Michel (par ailleurs connu pour avoir été le doubleur officiel de Clint Eastwood, Sean Connery ou Leslie Nielsen).
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| Interactivité |
| | Packaging |
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Après le logo pétaradant de Malavida, une animation reprenant le travelling d'ouverture du film nous mène vers le menu principal, sobre mais efficace. Divers suppléments viennent bien sûr justifier l'appellation Collector de cette édition DVD, lesquels commencent par un passionnant commentaire audio de l'historien du cinéma d'animation Brian Sibley, qui décortique avec précision les étapes du processus de création du film, en insistant particulièrement sur le contexte politique en filigrane (la Guerre Froide et la montée des bolcheviques au pouvoir). Le film étant relativement court, ce commentaire soutient tout du long l'attention du spectateur, en ne se montrant pas avare en informations et anecdotes de toutes sortes.
Le plat de résistance de ce DVD demeure le making of en VOST intitulé Stay Tooned. Durant une demie-heure, tous les aspects de la production du film sont passés en revue dans ce documentaire de la BBC fort bien conçu et à la présentation dynamique. Une présentation des studios Halas & Batchelor recontextualise les événements, et divers intervenants directement impliqués dans la réalisation du long métrage rapportent leur expérience, tel que Maurice Denham, doubleur original de l'ensemble des animaux (un tour de force quasi sans précédent !). Mais Stay Tooned s'attarde principalement sur le symbolisme d'un film profondément audacieux... Ce making of fait quelque peu redondance avec le commentaire audio de Brian Sibley, mais il est bien connu que beaucoup de consommateurs DVD favorisent les documentaires au détriment des commentaires audio, aussi comme cette rétrospective s'avère être réussie, nous ne saurions bouder notre plaisir. En amateur d'animation exigeant, on aurait souhaité en savoir encore davantage car il y a réellement matière à gloser sur la Ferme des Animaux, mais ce module reste déjà, en l'état, une petite pépite !
Le reste des suppléments est plus anecdotique quoique proposant des documents rares d'une grande valeur, à l'image de storyboards originaux, d'esquisses de travail annotées et d'un diaporama commenté en français sur la production du film. Ce dernier dresse un rapide historique des studios Halas & Batchelor en ayant recours à bon nombre de clichés et dessins inédits. Là aussi le module aurait gagné à aller plus en profondeur, mais l'ensemble s'avère être déjà instructif et hautement pertinent.
En résumé, voici une interactivité bien sympathique qui privilégie l'axe historique en tâchant de ne négliger aucun aspect du film. De fait tout semble simplement survolé, mais chaque spectateur aura loisir d'approfondir lui-même le propos de la Ferme des Animaux, d'une richesse inépuisable et incontestée. Enfin, outre une partie Rom proposant coupures de presse de l'époque pour les plus grands et dessins à colorier pour les plus jeunes, le DVD propose un clip d'une dizaine de minutes compilant des extraits de productions Halas & Batchelor, dont l'entraînant clip Love is all de Roger Glover -que l'on trouvait déjà en intégralité dans le DVD de Gloubiboulga Night.
Commentaire audio de Brian Sibley
Stay Tooned (Making of) (29'10)
Storyboard (0'30)
Esquisses commentées (2'50)
Diaporama commenté (4'45)
Bande-annonce Halas & Batchelor (11'50)
Partie Rom
- dossier pédagogique, revue de presse, bande dessinée et dessins à colorier.
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Les studios Halas et Batchelor |
John Halas est né en Hongrie. Il a étudié avec des professeurs du mouvement Bahaus School Design et a débarqué en Grande-Bretagne en 1936. Joy Batchelor était de Watford et a étudié à l’école d’art de Watford. Ils se sont rencontrés au début de la guerre. En 1940, ils fondent les studios Halas & Batchelor et commencent par réaliser des publicités. C’était la 2nde guerre mondiale et quelqu’un du ministère a dû voir certains de leurs spots, car très vite John et Joy se sont vus obliger de faire des films de propagande pour l’effort de guerre.  A la fin de la guerre, une grande célébration eut lieu : le festival de Grande-Bretagne. Beaucoup y participèrent : peintres, écrivains, architectes… et Halas et Batchelor réalisèrent une série spéciale intitulée le Poète et le peintre. Ils utilisèrent les œuvres d’artistes de l’époque, comme Henry Moore et Mervin Peak, auteur de Gormenghast... En 1953, Halas et Batchelor réalisèrent deux films très originaux, la Chouette et le minou ( image ci-contre), un dessin animé en relief, et the Figure Head, inspiré d’un poème avec une musique de Matyas Seiber, devenu ensuite le principal compositeur de leurs films. Et à la même époque, ils se mirent à travailler sur leur plus gros projet : la Ferme des Animaux.
L’idée est venue d’un producteur américain, Louis de Rochemont, qui travaillait aux infos télévisées et qui était séduit par le côté anti-communiste du roman d’Orwell. De récentes recherches ont même démontré l’implication de la CIA dans le financement du film... Sans la Guerre Froide, le film n’aurait pas vu le jour ! Parce que Halas et Batchelor avaient fait de la propagande, ils avaient de très bons auteurs et cela les a aidés à faire ce film. Seul changement majeur avec le livre d’Orwell, la fin du long métrage : dans le roman, l’histoire se termine avec la dictature de Staline bien en place, et sans espoir de changement alors que le film prophétise les évènements du début des années 90. La Ferme des Animaux a été bien accueilli par la critique et le public et continue depuis 1954 une exploitation dans les salles du monde entier, et notamment en France où il connaît un succès particulier auprès des scolaires.  Il y eut, à l’époque de sa sortie, beaucoup de merchandising ce qui était plutôt rare à ce moment-là, comme des personnages en porcelaine. Le dessin animé est même devenu une bande dessinée publiée dans les journaux. Au début des années 60, Halas et Batchelor ont réalisé une autre production, le premier "opéra animé", une version de Radical de Gilbert et Sullivan. Depuis, les studios on notamment produit Automania 2000, en 1963, film sur les ravages de la voiture, devenant de plus en plus envahissante... prémonitoire ?
John Halas et Joy Batchelor ont toujours été en avance sur leur temps.
Les studios on produit à ce jour près de 2000 films.
Visitez le site officiel des studios pour plus d'informations.
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Bilan artistique |
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Rares sont les films d'animation véritablement engagés politiquement. Au pire les allusions ne sont que gentiment anticonformistes, au mieux le message reste sous-jacent, exception faite des productions de propagande (à ce sujet nous ne saurions que trop vous conseiller le passionnant et érudit ouvrage de Sébastien Roffat, récemment paru chez l'Harmattan). Toutefois, quelques films restent notables, parmi lesquels figure cette Ferme des Animaux, habile dénonciation de la dérive communiste à laquelle nos sociétés pourraient parfois être tentées de succomber (encore qu'on parle souvent d'utopie, mais cela me paraît davantage relever d'une théorie bien naïve proche de la douce folie). En situant le cadre de l'histoire dans une ferme où les animaux s'affranchissent de leur sinistre propriétaire, brute épaisse et alcoolique notoire de son état, les studios Halas & Batchelor empruntent l'anthropomorphisme façon Jean de la Fontaine à des vues politiques, prouvant par a+b que l'apparente liberté des peuples peut progressivement et très facilement mener vers une autocratie souvent bien pire que le régime précédent. Le rapprochement entre le despote Napoléon, abject porc bafouant les lois animales d'un commun accord établies, et le tyran Staline, véritable figure politique directement responsable des meurtres les plus abominables du siècle dernier (en concurrence directe avec un célèbre moustachu) n'est absolument pas fortuit, et le message est d'autant plus fort que l'animation s'avère être brillante, la mise en scène ingénieuse et le scénario audacieux.  Les victimes sont nombreuses et les séquences-choc ne manquent pas, les plus jeunes spectateurs risquant même d'être traumatisés par la violence de certaines images, telles celles de la mort du chien, du rival de Napoléon assassiné impitoyablement par des bêtes dressées pour tuer, du cheval partant pour l'équarrisseur... Ce récit, fidèlement adapté du roman original de George Orwell (à l'exception du final, qui fit précisément l'objet d'une polémique), reste d'une modernité évidente, et la force du propos le fait même accéder à l'universalité, malgré quelques petites faiblesses de rythme bien excusables. La Ferme des Animaux fait partie de ces films qu'on n'oublie pas, et qui restent longtemps en mémoire. Pour un devoir de mémoire.
Elu film de l'année 1954 par l'ensemble de la profession.
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| Points Forts |
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Points Faibles |
+ Une œuvre magistrale,
sombre et désespérée
+ Satire subtile et cinglante
du régime communiste
+ Edition Collector réservée
au marché français
(exclusivité mondiale !) |
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- On aurait voulu un making of
d'une heure et demie
(exigeance, quand tu nous tiens) |
Matériel utilisé pour le test :
Lecteur DVD Toshiba SD-210EE
Téléviseur Philips
+ Lecteur DVD-Rom Power DVD XP |
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| Gersende |
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