"Le Dirigeable Volé est fait d’images plus stupéfiantes, plus drôles, plus émouvantes que tout ce qui est récemment sorti des ordinateurs des grands studios d’animation" (le Monde)

"Il n’est pas abusif de parler ici de réjouissante poésie visuelle" (l’Express)

"Un régal pour les yeux et un hymne délicieux à la liberté, doublé d’une satire fort divertissante. A découvrir !" (Le Point)

"Un film unique, inclassable, superbe" (TélécinéObs)

Grande figure de l'animation tchèque, Karel Zeman signait avec le Dirigeable Volé une adaptation d'un roman de Jules Verne, que les Editions Montparnasse choisissent d'éditer en DVD au moment opportun (nous fêtions cette année les 100 ans de la disparition de l'écrivain). Le long métrage s'ouvre sur une série de saynètes animées où des actes jugés transgressifs sont vertement réprimandés par des autorités dites supérieures. Plus précisément, la figure du doigt accusateur, récurrente tout au long du film, se pose clairement en position de juge vis-à-vis des enfants, afin de leur signifier qu'il est temps de grandir et de quitter le monde de l'enfance... qui est avant tout celui du jeu et de la soif d'aventure. Suite à quoi nous assistons à un procès, durant lequel sont invités à se justifier cinq enfants dont le seul tort aura été de profiter d'une excursion gratuite en dirigeable... Après une première partie s'attardant sur ce prétendu vol des bambins à bord du dirigeable porté au hasard du vent, la seconde moitié du film fait intervenir une bande de pirates convoitant un coffre rempli d'or appartenant à un des voyageurs présents sur le navire...

En plus d'instiller une bonne dose d'humour à son récit (journalistes cachés derrière des murs qui posent des questions à une mère dont le fils est incriminé, laquelle tire sans hésiter ; l'espion aux méthodes d'investigation fort peu discrètes), le cinéaste tire à boulets rouges sur le milieu de la presse, montrant les méthodes peu scrupuleuses et la recherche du scoop de revues qui tirent partie de situations montées en épingle... et même souvent montées de toutes pièces. On note également une cinglante critique de la justice avec cette parodie de procès où le procureur fait lui-même partie des accusés !
La forme reste toute aussi surprenante, avec un jeu de couleurs percutant, alternant sépia, rouge vif ou bleu, mais également -moins heureux- des transitions bancales et un montage parfois hésitant, avec des ruptures de ton déroutantes. L'animation se montre aussi assez rudimentaire et les effets spéciaux de bric et de broc, trahissant l'âge du film. Cela dit, on passe malgré tout un agréable moment devant une véritable curiosité cinématographique, sans réelle équivalent dans la production actuelle (sinon peut-être Terry Gilliam). Exotisme, aventure et dépaysement sont en effet garantis grâce à ce film quelque peu suranné mais dont la magie des images saura captiver les plus jeunes spectateurs. "Ma profession, expliquait le réalisateur, est de penser par l’image.Tout comme le peintre a couleurs, pinceaux, toile, moi j’ai l’optique, la lumière, les moyens techniques. J’ai foi dans le film et sa capacité. Méliès m’a émerveillé, lui qui au début du cinéma a posé le principe par lequel on peut exprimer des choses inouïes : nager sous la mer, voler dans le cosmos, bref tout ce qui m’attire… Je cherche une matière qui tout en me fournissant la meilleure occasion, permettrait à l’imagination de courir sans frein, la bride sur le cou et donnerait la possibilité de développer tous les moyens d’expression qui me sont propres. C’est ainsi que je peux réaliser des choses qui sont parfaitement irréalisables avec la technique du film de fiction." Admiratif de l'œuvre de Méliès, Karel Zeman s'est en définitive imposé comme son équivalent tchèque, au fil des années. Egaler voire surpasser son mentor, comment peut-on concevoir plus belle réussite ?

Film récompensé du Prix Art et Essai Jeune Public au Festival d’Aubervilliers en 2002.