Cette édition collector dispose d'un fort bon doublage français réalisé une fois de plus par le studio Chinkel. La distribution est emmenée par la délicieuse Patricia Legrand qui, après Ed (Cowboy Bebop), Sakura (Cardcaptor Sakura), Jane Buxton (Le secret du sable bleu) et Merle (Escaflowne) nous peint ici avec Rakka le portrait d'une jeune fille fraîche et un peu naïve, remplie de douceur et de gentillesse, mais avec aussi des accents plus sérieux dans les scènes dramatiques. A ses côtés, on retrouve avec plaisir Suzanne Sindberg (Integra dans Hellsing, Julia dans Cowboy Bebop, Saeko dans City Hunter - Goodbye my Sweetheart, Emeraldas dans Queen Emeraldas et Harlock Saga), l'une de mes comédiennes de doublage préférées, qui interprète les rôles de Kana et de Reki. A l'un elle prête des accents de garçon manqué qui conviennent parfaitement au personnage, tandis que pour l'autre elle trouve une voix chaleureuse, tendre et maternelle. Sa prestation culmine véritablement dans les derniers épisodes, où elle parvient à combiner intensité et intériorité et où elle donne à Reki des accents qui vous feront frémir. Les autres rôles, plus anecdotiques, sont plutôt bien distribués également, avec une Nemu douce et lente à souhait, une Hikari malicieuse et une Kuu exubérante et pleine de vie. En fait, le seul reproche que l'on peut faire à ce doublage, c'est le nombre restreint de comédiens, ce qui s'entend au niveau des personnages secondaires.
L'adaptation à proprement parler s'avère de bonne qualité elle aussi, tant pour les sous-titres que pour le doublage, et fidèle à l'original. On pourra cependant remqrquer qu'à deux reprises, le doublage et les sous-titres se contredisent, sans dommage pour la compréhension cependant.

Personnage	Acteur
Rakka	Patricia Legrand
Reki	Suzanne Sindberg
Kana	Suzanne Sindberg
Kuu	Christelle Reboul
Hikari	Nathalie Bienaimé
Nemu	Hélène Bizot
Le communicateur	Frédéric Cerdal
Sumika/Kuramori	Nathalie Bleynie

Dès les premières minutes de l'anime, on ne peut s'empêcher de tomber sous le charme de l'univers imaginé par Yoshitoshi ABe. Ces prairies verdoyantes caressées par le vent, ces petits sentiers courant entre les collines, cette vieille maison pleine de caractère, cette ville aux habitations en pierre, ces éoliennes tournant silencieusement... Ailes Grises est une série qui joue beaucoup sur les ambiances et qui est servie par une qualité visuelle superbe. Outre la beauté du character design (dans le plus pur style ABe), on a droit à des décors absolument superbes, réalistes et détaillés, mis en valeur par de magnifiques jeux de lumière. Le tout donne une impression de paix et de sérénité, encore renforcée par le style contemplatif de la réalisation et par les musiques magiques de Kou Ootani.
Cette sérénité se retrouve également dans le scénario, du moins pour les quatre premiers épisodes. On suit avec plaisir les premiers pas de Rakka dans sa nouvelle vie en tant que Haibane, un parcours au cours duquel elle peut compter sur le soutien des ses nouvelles camarades et surtout sur l'omniprésence de Reki, qui veille sur elle avec une tendresse quasi maternelle. On retrouve aussi ça et là des petites touches d'humour discrètes qui contribuent à la sensation de bien-être qui émane de ce début de série. Mais bientôt, avec le début de l'hiver, on va peu à peu s'apercevoir que la vie des Haibane n'est pas si rose que cela. L'envol de Kuu, puis la Maladie du Péché vont faire prendre conscience à Rakka que les Haibane ont un but, même si elle ne sait pas encore lequel.
Et c'est à partir de ce moment qu'ABe va commencer à développer toute une symbolique qui tourne autour de la mort, du péché et de la rédemption. Qui sont les Haibane, si ce n'est des pénitents exilés dans une sorte de purgatoire que symbolise la ville de Guri avec ses hautes murailles, des murailles qui séparent Guri à la fois de la vie et de l'après-vie. Dans cet univers, les corbeaux (les messagers de la mort, selon la tradition) sont les seuls à pouvoir franchir ces murailles sans la moindre contrainte. Les Haibane, eux, ces être semi-angéliques aux ailes ni blanches comme celles des anges ni noires comme celles des anges déchus, mais grises, n'ont qu'un moyen de franchir les murs: trouver la rédemption qui leur permettra de prendre leur Envol et d'ainsi poursuivre leur route (quel que soit l'endroit qui les attend après cela). Afin d'atteindre cette rédemption, ils doivent d'abord s'affranchir des choses matérielles (il ne peuvent pas recevoir d'argent et possèdent uniquement des objets de seconde main) et se rendre utiles à la communauté. S'ils échouent dans leur tâche et ne peuvent trouver cette rédemption, ils seront déchus de leur statut de Haibane et devront vivre loin de la ville (ce qui donne à penser que les Toga pourraient être des Haibane déchus).
Cette symbolique imprègnera toute la fin de la série, jusqu'à la délivrance ultime de Reki... et la naissance d'un nouvel Haibane (ou plutôt de deux). L'éternel recommencement si cher à nos amis asiatiques. La boucle est bouclée, la vie continue à Guri...