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  Osamu Tezuka, légende d'une vie

Sorti le 27 novembre 2002 dans les salles, La légende de la forêt d'Osamu Tezuka est certainement le meilleur moyen de découvrir l'aspect "auteurisant" de cet artiste hors pair, mondialement reconnu pour sa fabuleuse contribution à l'animation. Pour la première fois en France nous pouvons en effet découvrir 5 courts-métrages du maître : La légende de la forêt, La sirène, La goutte d'eau, Le film cassé et Le saut. Chacun de ces films explore de manière originale, expérimentale parfois, les diverses possibilités de raconter une histoire avec un dessin animé. Mais avant de poursuivre, revenons quelques instants sur la prolifique carrière d'Osamu Tezuka, sacré au Japon "Dieu des Mangas".


Né le 3 novembre 1928 à Toyonaka dans la préfecture d'Osaka, Osamu Tezuka est l'artiste qui a renouvelé l'industrie du manga et de l'animation. Ses travaux ont inspiré des auteurs comme Hayao Miyazaki, Katsuhiro Otomo ou encore Rin Taro, son plus fidèle disciple. Tout au long de sa carrière, Tezuka va adapter, réinventer et rendre hommage à des sommités cinématographiques et littéraires aussi diverses que King Kong, Pinocchio, Blanche-Neige ou Crime et Châtiment. Touche-à-tout et poussé par une curiosité sans borne, il n'a cessé d'expérimenter les possibilités artistiques que lui offrait le manga. Il a abordé par ailleurs tous les genres: cela va du drame à la comédie en passant par l'épouvante, l'aventure et bien sûr la science-fiction, genre dans lequel il excellait !





AU COMMENCEMENT...


Sa vocation lui vient dès l'école primaire, période pendant laquelle il impressionne ses camarades en reproduisant des héros de bandes dessinées. Gràce à son père, il découvre Walt Disney et Charlie Chaplin, deux auteurs qui influenceront notablement son travail. Parallèlement à ses études de médecine, il parvient à se faire une place dans le quotidien Shôkokumin Shimbun et publie en 1946 son premier manga professionnel : Le journal de Ma. L'année suivante il publie La nouvelle île au trésor, qui fait un véritable tabac (400 000 exemplaires vendus) alors même que le Japon peine à se remettre de la guerre. En quelques années Tezuka enrichit considérablement la technique narrative du manga en puisant bien souvent dans le langage cinématographique: introduction de la notion de montage et de rythme, adoption du gros plan et du changement libre de la distance de prise de vue entre deux vignettes.


Après une collaboration pour le moins tumultueuse avec le puissant studio Toeï, il décide d'ouvrir son propre studio. Mushi Productions voit le jour en 1961. Tezuka recrute alors une petite équipe et parvient à produire en moins d'un an le court-métrage Les histoires du coin de la rue (38'). En 1963 sort sur les écrans TV une série d'animation qui fera date : Astro Boy (Astro le petit robot). Pour la première fois, un studio parvient à tenir la cadence d'un épisode animé de 30 minutes par semaine ! Au mépris de certaines règles de qualité comme le nombre réduit d'images par seconde (seulement 4 !) Tezuka parvient à fédérer les téléspectateurs devant leur petit écran. C'est à ce moment précis une véritable onde de choc qui se produit dans l'industrie de l'animation toute entière. Les plus grands studios ne tarderont d'ailleurs pas à lui emboiter le pas.
Les fabuleuses recettes générées par Astro Boy permettent aux animateurs de Mushi Productions de réaliser de petits films expérimentaux. C'est au cours de cette période que Tezuka réalise presque seul Male, Memory, La sirène, La goutte et Tobbaco and Ash.


FRENESIE CREATRICE

La révolution Tezuka se poursuit puisqu'en 1965, il réalise Le roi Léo, la première série japonaise en couleurs et en 1969 il propose aux spectateurs le premier long-métrage japonais érotico-artistique : Les 1001 nuits. Comme pour Astro Boy, les recettes sont réinvesties dans la production d'oeuvres plus singulières où s'expriment des messages plus profonds. La frénésie et l'ambition d'Osamu Tezuka le poussent sans cesse à s'engager dans de nouveaux projets. Atteignant les limites de solvabilité du studio, il poursuit malgré tout sans retenue ses activités. Les recettes générées par ses mangas qu'il continue parrallèlement à dessiner ne suffisent plus à éponger les dettes de Mushi Productions et Tezuka est contraint de fermer son studio en 1973. Broyant du noir, il crée la même année son anti-héros le plus célèbre: Black Jack.


UN SECOND SOUFFLE

A nouveau créditeur grâce à la publication de sa première anthologie complète (300 ouvrages de plus de 300 pages chacuns !), le maître fonde en 1977 Tezuka Productions et se lance dans la coûteuse adaptation de Phoenix (une série de manga qu'il a créé voilà plus de vingt ans) en un long-métrage d'un peu plus de deux heures. Il produit et réalise sous la coupe de son nouveau studio Hols, le fils du soleil (oeuvre fondamentale dans le devenir du Studio Ghibli puisque Takahata et Miyazaki se rencontrent à ce moment-là), Marine Express, Fumoon, Bremen 4 et le remake de la série Astro Boy. Par la suite il délaissera les longs-métrages pour se consacrer à des oeuvres plus personnelles, y exprimant pleinement ses idées et ses envies. On retrouve donc à cette période, de 1983 à sa mort, quelques uns des courts-métrages proposés aujourd'hui en salles: The green Cat, Le saut, Le film cassé, Push, La légende de la forêt et Self-Portrait.

Epuisé par tant d'années de surmenage, le "Dieu des mangas" s'éteint en 1989 après avoir entamé avec l'aval du Vatican lui-même une adaptation de la Bible. Son influence sur les artistes majeurs que compte l'animation aujourd'hui n'est pas à mettre en doute, comme l'indique cette citation de Hayao Miyazaki à son propos : "J'ai toujours eu la plus grande admiration pour les mangas d'Osamu Tezuka. Sa rigueur et sa force créatrice m'ont beaucoup diverti et impressionné aussi. Ses travaux demeurèrent longtemps ma référence absolue".







LA LEGENDE DE LA FORET d'Ozamu Tezuka

A côté de séries à succès telles Astro Boy et Le roi Léo, Osamu Tezuka a également produit et réalisé de nombreux courts-métrages indépendants, artistiques et détachés de toute contrainte commerciale. Les films du Paradoxe se proposent aujourd'hui avec le programme La légende de la forêt de nous dévoiler cet aspect moins connu de sa carrière...


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(c) Les films du Paradoxe
La sirène 1964 - 8 mn

Un jeune homme, rêveur et romantique, croit voir une sirène au bord de la plage. Celle-ci, bien réelle, l'emmène à la découverte des fonds marins et de merveille en merveille. Mais de retour sur la terre ferme, leur passion se trouve confrontée à la vilénie des hommes...

Tezuka profite du succès d'Astro Boy pour produire l'un des ses premiers courts-métrages. Pointant du doigt l'esprit trop terre à terre des hommes, cette oeuvre se révèle être sensible et touchante. Techniquement, c'est très artisanal et aussi très vivant. Pour parfaire son idée, Tezuka s'est octroyé pour l'occasion les postes de réalisateur, animateur, dessinateur et décorateur.


(c) Les films du Paradoxe
La goutte 1965 - 4 mn

En plein coeur de l'océan, un homme se trouve seul sur un radeau et dérive au gré des flots. Les minutes, les heures, les jours passent et la soif se fait sentir toujours plus pressante. Du coin de l'oeil il aperçoit quelques gouttes suspendues à son mât sur lesquelles reposent tous ses espoirs...
Encore moins coûteux que le court-métrage La sirène, La goutte est née d'une idée simple, rapide à mettre en images. Tezuka, après avoir fait le voyage aux USA, rencontré Walt Disney et vendu aux Yankees les licences du Roi Léo et d'Astro Boy, a besoin de reposer les pieds sur terre. Cette histoire absurde et loufoque lui permet de se détendre et nous offre à nous spectateurs une franche part de rigolade.

(c) Les films du Paradoxe
Le film cassé 1985 - 6 mn

1985, année du cinéma d'animation. Le festival rassemble toute les pointures du genre, de Grimault à Chuck Jones en passant par Brestislav. Tezuka remporte le prix avec son Film cassé, qui se présente avant tout comme un hommage aux productions passées. L'utilisation du noir & blanc, le thème abordé et son environnement, le style graphique et l'humour omniprésent contibuent à le rapprocher des premiers dessins animés américains. A cela s'ajoute un autre intérêt que nous explique Tezuka : "L'idée était d'imaginer ce qu'aurait été un film d'animation réalisé en 1885, en tenant compte de l'usure de la copie projetée un siècle plus tard. Il a fallu créer de nouveaux effets spéciaux pour faire apparaître toutes les poussières sur la pellicule."

(c) Les films du Paradoxe
Le saut 1985 - 6 mn

Réalisé entièrement en caméra subjective, Le saut est certainement le film le plus expérimental de tous ceux qui nous sont aujourd'hui présentés. Un personnage avance par petits bonds d'abord. On découvre un quartier résidentiel tranquille, mais à mesure que les bonds s'amplifient, on s'éloigne rapidement, à la découverte d'un monde terrifiant: le nôtre !
"Au début, c'est un enchaînement de bonds traité sur le ton de l'humour puis, subitement, c'est la guerre. Je voulais que ce film traite d'un thème grave. On voit quelqu'un, un humain ou un animal, qui, au fur et à mesure qu'il saute, n'arrive plus à s'arrêter, et finit par sauter sur une bombe. C'est une métaphore de la civilisation humaine qui, prise dans l'engrenage de sa course technologique effrénée, risque de mourir suite à une guerre atomique.



(c) Les films du Paradoxe
La légende de la forêt

Entamé au tout début des années 70, La légende de la forêt est un projet qui tenait Tezuka particulièrement à coeur mais qu'il ne parviendra jamais à achever. Après qu'il a lancé les premiers jets de l'histoire et dessiné une partie du story-board, le film capote une première fois suite aux déboires financiers de Mushi Productions. Dix ans plus tard, Tezuka revient à la charge et parachève le scénario. Il doit cependant à nouveau jeter l'éponge. Un peu plutart, contraint par la maladie à présenter La légende de la forêt rapidement, il ne peut que proposer au public une version tronquée de celle qu'il avait imaginée sur la base des matériaux déjà prêts.

Communiqué de Tezuka Productions à propos du film :
 "Ce film est un hymne à la nature, mais aussi un hommage à l'oeuvre immense de Walt Disney. Walt Disney a joué un rôle capital dans l'histoire du cinéma d'animation, au point que l'on peut parler des ères "pré" et "post" Disney. Les ravages que font les récentes technologies d'animation limitée (standard ne comprenant que de 6 à 12 images par seconde) me sont insupportables. Ce film centré sur Disney est une parodie de l'évolution des techniques du cinéma d'animation de ses origines à nos jours. La première partie évoquera l'expression dynamique de la peinture, le style d'Emile Cohl dans l'esprit de Fantoche, les Silly Symphonies, les techniques employées pour donner vie à Gertie le dinosaure ainsi que les débuts des frères Fleischer et du cinéma d'animation en couleurs. La seconde partie reproduira le style Disney à ses débuts avec l'utilisation du système multi-plan. La troisième partie rendra hommage au cinéma d'animation expérimental en utilisant les techniques de dessin sur négatif. La quatrième partie mélangera plusieurs techniques traditionnelles d'animation limitée (UPA, Hanna et Barbera, etc) pour en tirer le meilleur parti. La musique de l'intégralité de l'œuvre sera la Symphonie n°4 de Tchaïkovski, interprétée par l'orchestre de Tokyo et pré-enregistrée de manière à ce que les animateurs puissent travailler en parfait accord avec la mélodie."


 
  
mazinga le Mercredi 29 Octobre 2003 à 12:23 


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