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 Humeur Rien ne va plus chez Disney
Remaniements multiples, projets avortés et changement de politique éditoriale, les derniers mois (et surtout ces derniers jours) ont été plus que houleux au sein de l'entreprise du grand Walt.
Résumons les faits : le 28 avril David Stainton a été mis à la tête du département animation (525 employés). Et ce businessman à la personnalité controversée a d'ores et déjà annoncé l'intention de lancer des adaptations de contes merveilleux... entièrement réalisés en images de synthèse ! Un coup dur pour le marché de l’animation traditionnelle. A présent, développons pour mesurer les tenants et aboutissants...
Il va sans dire que cette déclaration ferme est loin d'avoir réjoui les artisans du monde de l’animation outre-Atlantique.

UNE DECISION FERME QUI S'EST FAITE PAR ETAPES

Tout début mai, l'on apprenait déjà la suspension des projets Chicken Little (sur lequel les réalisateurs de Kuzco commençaient à oeuvrer) et Once in a Blue Moon. Une décision du tout nouveau PDG du secteur animation de la Walt Disney Company, David Stainton. Officieusement, ces longs métrages nécessiteraient "plus de développement". Par exemple il aurait exigé que le personnage principal de Chicken Little, un caneton, devienne un personnage féminin afin de rendre le film "plus sympathique".
Dans un même ordre d'idées, Stainton annonçait que les futurs classiques Disney (Rapunzel -visuel ci-dessous- et La Reine des Neiges) seraient intégralement en images de synthèse. Pas besoin d'être sorti de Saint-Cyr pour deviner que les desseins du nouveau PDG étaient déjà très clairs.

Dans la foulée l'éminent Glen Keane déclarait ainsi : "Il y a beaucoup de peur dans les studios, il veut diriger le studio dans une direction dans laquelle la moitié des artistes Disney ont peur d'aller. Je me sens personellement défié".
Et les réactions dans le même sens ne se sont pas faites attendre. Steve Hulett, représentant de l'association la Guilde de l'Animation a ainsi proclamé "qu'il y a beaucoup d'anxiété ici, beaucoup de gens sont amoureux de cet art [ndlr : l'animation traditionnelle], et de le voir partir temporairement est dur".
Charles Zembillas, fondateur et président de l'académie de l'animation des studios de Burbank (centre nerveux de la machine Disney) a proclamé : "Personnellement, c'est une décision totalement irresponsable. Je pense que tous les meilleurs talents de l'animation à la main sont ici, à Burbank, et tout ce qu'il compte faire c'est de les rendre disponibles à d'autres studios".

Quelques jours passent et David Stainton annonce que la cible à privilégier dorénavant seront les 4-10 ans et leurs parents. Forcément inquiétant lorsque l'on sait que les plus gros succès de ces dernières années s'adressaient ouvertement à une large frange du public.

UN BUSINESSMAN CONTROVERSÉ

L'incursion de David Stainton au sein de la structure Disney ne date pas d’hier. Il y a peu directeur de la section animation pour la chaîne de télévision de Disney, on lui doit surtout la politique des suites vidéo de grands classiques du studio, amorcée avec le Roi Lion 2 et aujourd'hui enfantant un nombre presque incalculable de bâtards sans aucune intégrité artistique (Cendrillon 2, Tarzan et Jane, Atlantide 2...). Ces productions dont le but avoué est d'engranger un maximum de dollars pour peu d’investissement(s) a construit bien malgré lui une réputation d'homme uniquement dirigé vers une finalité lucrative. De là, on comprend davantage les craintes actuelles des artistes-maison suite aux dernières déclarations du bonhomme.

Sa décision du tout images de synthèse résulte il va de soi de l'actuel succès des productions de Pixar (Monstres & Cie a fait un carton), PDI et BlueSky (l'Age de Glace), mais ce serait oublier les succès parallèles d'un Lilo & Stitch, un Voyage de Chihiro ou des productions Nickeledeon (les Razmokets, la Famille DelaJungle) dans une moindre mesure.

PERSPECTIVES D'AVENIR ?

Le récent remaniement chez Disney (avant même l'introduction et le chamboulement apporté par David Stainton) est donc avant tout le résultat logique d'une baisse notable de l'intérêt du public pour l'animation dite "classique" (au profit des films en images de synthèse). On ne peut que regretter cela, car on estime qu'il y a de la place pour tous les genres, d'un Kuzco à un Dinosaure, d'un Mes Voisins les Yamada à un Chicken Run. Certes les enjeux financiers prévalent avant tout pour les producteurs et distributeurs, et ça reste compréhensible, mais ainsi Disney fonce droit dans le mur et risque de reconnaître les années de galère déjà connues dans la décennie 80 (Rox et Rouky, Taram et autres Basil, détective privé du creux de la vague).

Fin 2002 à en croire le magazine Animation Nation, "l'animation d'un autre temps chez Disney a laissé la place à ce que nous connaissons à présent avec l'ordinateur. L'animation traditionnelle est morte". La nouvelle se confirmait effectivement rapidement : 94 animateurs furent remerciés (et 13 restèrent en poste). Un autre journaliste du mag en question témoignait déjà qu'"un gars qui a travaillé chez Disney pendant 15 ans ou plus est considéré comme trop vieux pour s'adapter au goût du jour, et aux nouvelles technologies. La pire nouvelle est qu'ils doivent finir le travail commencé, avant d'être irrémédiablement congédié. Vous pouvez donc imaginer l'ambiance générale à présent, sachant que vous ne retournez travailler que pour finir vos travaux, et plier bagages".
C'était fin 2002 et depuis ce qui était pressenti comme une situation alarmante s'est donc produit.

Bien entendu, ces témoignages internes n'étaient pas du goût de la société, qui rectifia la version des faits : "Nous ne renvoyons pas qui que ce soit sous prétexte que l'animation traditionnelle est condamnée. Nous n'irons pas en Floride et nous n'allons pas laisser de jeunes étudiants améliorer nos programmes 3D sans une solide et stable fondation dans le domaine 2D". Mais le très sérieux New York Times rapportait déjà les propos des exécutifs de chez Disney, comme quoi la Walt Disney Company ne licencierait 250 employés que lorsque les contrats seraient arrivés à terme avec chacun d'entre eux. Une procédure qui devait donc s'étaler sur les douze mois suivants, et l'échéance est arrivée.
Ceci, joint aux déclarations de David Stainton, n'est donc que le début d'une tendance qui pourrait (devrait ?), à terme, signer l'arrêt de mort de l'animation traditionnelle. Il faut donc s'attendre à voir fleurir des succédannés à la sauce Toy Story et Shrek, dans les années à venir. Si la tendance de cette hégémonie (d'un genre souvent artificiel et par trop froid dans les émotions retranscrites) se confirme, on ne peut que s'attrister d'une telle nouvelle.


A la fin de l'été Jim Hill annonçait dans un article paru dans l'Orlando Weekly que "Thomas Schumacher souhaite réinventer la branche animation de la société, opérant un virage dans les studios de Burbank, les faisant entrer dans l'ère du tout en images de synthèse. Mais au même moment, il a été offert l'assurance que les développements en terme d'animation traditionnelle à Orlando restent saufs, que l'entreprise Disney/MGM deviendra le repère de l'animation traditionnelle (chère à la firme), signifiant par-là même que la Walt Disney Co. ne cessera jamais ses activités sur cette forme d'art à la charge historique très vibrante". Le 3 janvier 2003, après 14 ans de bons et loyaux services, Thomas Schumacher était licencié, imputé des échecs successifs de Dinosaure, Atlantide et la Planète au Trésor...

  • Sources : L.A. Times, Disney New Page et Frames.
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    Gersende le Dimanche 18 Mai à 16:33 
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